Retour sur « L’ombre d’un doute » Napoléon …

Retour sur « L’ombre d’un doute » Napoléon …

Avec un Live Tweet hier (une première tentée pour l’occasion, au pied levé), vous avez sans doute pu lire nos commentaires à chaud, et, dans l’ensemble, il faut dire que ce numéro de l’Ombre d’un doute « nouvelle formule » était plutôt réussi.
Par contre, ce qui est dommage, dans ce genre d’émission – mais ils ne peuvent pas tout dire – c’est qu’il manque la mise en situation. Le sujet arrive, se pose, mais on ne sait pas pourquoi ni comment.

Et la réalité du terrain est toute autre que ne le laisse penser l’émission, pourtant excellente d’hier soir :
Napoléon croyait qu’il reviendrait de l’île d’Elbe porté par les notables inquiets des empiétements à leur égard des émigrés.
L’enthousiasme populaire était prévu (les décrets du 21 mars abolissant la noblesse et les titres féodaux, expulsant tous les émigrés du territoire et ordonnant le séquestre de leurs biens, avaient pour but d’alimenter cet enthousiasme) mais ce n’était pas le seul sur lequel comptait l’Empereur.
La froideur des autorités révèle très vite à Napoléon, dès Grenoble, son erreur : la bourgeoisie le boudait.
En apparence, il reprit les mêmes ministres (non sans réticence parfois de leur part) : Decrès à la Marine, Gaudin aux Finances, Mollien au Trésor, Maret à la secrétairerie d’État et même Fouché à la Police (le duc d’Otrante eût d’ailleurs préféré les Relations extérieures), mais il savait que la France ne pourrait plus être gouvernée comme avant.

On semblait revenu en 1793 ; « c’est une rechute de la Révolution », notait avec quelque exagération un contemporain.

« Rien ne m’a plus étonné en revenant en France, confiait Napoléon à Molé, que cette haine des prêtres et de la noblesse que je retrouve aussi universelle et aussi violente qu’au commencement de la Révolution. Les Bourbons ont rendu aux idées de la Révolution toute la force qu’elles avaient perdue ».

« Je ne veux pas être un roi de la Jacquerie », disait-il.

C’était, comme en 1799, repousser la solution jacobine. Toutefois le mouvement populaire lui imposait de se jeter dans les bras des libéraux, ses anciens adversaires, devenus aujourd’hui le moindre mal.

Carnot reçut le portefeuille de l’Intérieur en hommage à « l’organisateur de la victoire », et Benjamin Constant devint un conseiller politique écouté après une entrevue qu’il eut aux Tuileries avec celui qu’il comparait quelques jours plus tôt à Gengis Khan et Attila.

Outre la cérémonie grotesque donnée par Napoléon au Champs de Mai, la France était littéralement coupée en deux. Les ouvriers le suivaient, avec une ardeur excessive, tandis que la bourgeoisie et, pire, l’aristocratie, lui étaient catégoriquement opposés.
Or, sans eux, pas d’administration fiable, malgré « l’épuration » qu’il a pu faire à son retour.
Et sans administration, le régime ne peut tourner.

Et l’impensable arrive, le pouvoir de Napoléon 1er est faible !

Il lui faut alors reprendre la main, il le fera par la guerre, son éternelle maîtresse.

Ce qui tombait bien puisque l’Europe à nouveau coalisée voulait sa tête.

Mais, si son pouvoir avait été assez puissant, il aurait certainement pu l’éviter. La nouvelle conscription obligatoire a fini de détruire son image, sciant la branche sur laquelle il s’était réinstallé.

Quant à Waterloo, je suis en total désaccord avec la vision qui nous en a été donnée.
Lors de la bataille précédente (la veille) – je dis la bataille, je devrai dire les batailles – il avait réussi à repousser les armées autrichiennes et prussiennes, or, ses généraux/maréchaux auraient dû exécuter ses ordres jusqu’au bout c’est à dire les poursuivre et les anéantir. Ce qu’ils n’ont pas fait, à cause de la pluie et de la boue.
Et le soir, il les a incendié, et a fini abattu, sachant qu’il avait déjà perdu …
Ce qui ne l’a pas empêché de se battre comme un lion le lendemain, même malade.

Alors, pour aller plus loin sur les documents montrés à l’écran, vous pouvez les trouver ici :

Dictionnaire des girouettes
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1186341

Archives et manuscrits (BNF)
IX Lettres de rois, reines, princes, princesses, ministres, etc.
NAF 1309 (cote)

http://archivesetmanuscrits.bnf.fr/ead.html?id=FRBNFEAD000038988&c=FRBNFEAD000038988_d0e2664&qid=sdx_q11

On y remarque des lettres de Napoléon Bonaparte, premier consul, Eugène de Beauharnais, Lucien Bonaparte, Louis Bonaparte, roi de Hollande, Joseph Bonaparte, roi de Naples, puis d’Espagne, Marie-Louise, Jérome Napoléon, la reine Hortense, Caroline Murat, reine de Naples, Napoléon III, princesse Mathilde, Alexandre Ier, empereur de Russie, Bernadotte, roi de Suède, Louis-Philippe Ier, comte d’Argout, François IV, duc de Modène, Dupin, Guizot, comte Molé, prince de Polignac, maréchal Soult, A. Thiers, Marie-Amélie, Cuvillier-Fleury, Mme Adelaïde, Talleyrand, Ferdinand-Philippe, duc d’Orléans, Hélène, duchesse d’Orléans, princesse Clémentine d’Orléans, prince et princesse de Joinville, duc d’Aumale, duc de Nemours, duc de Montpensier, Marie-Christine, reine d’Espagne, Maria II, reine de Portugal, Marie-Thérèse, reine de Sardaigne, Ferdinand, roi de Portugal, Victoria, reine d’Angleterre, Louise, reine des Belges, Léopold Ier et Léopold II, rois des Belges, Louis XVI, Marie-Antoinette, princesse de Lamballe, duc d’Enghien, Charles X, Henri V, duchesse de Berry, Deutz, Charles-Louis, duc de Normandie ; Lettres de différents membres du gouvernement révolutionnaire de Naples (1848), etc.

La correspondance de Talleyrand à Louis XVIII, si son contenu vous intéresse, vous pouvez la télécharger ici en PDF 😉

 

Voilà, à la prochaine, pour un Live Tweet plus préparé à l’avance, et merci à celles et ceux qui nous ont suivi, et encouragé (parfois même calmé notamment à cause de la qualité immonde de France3 sur SFR !)

 

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